Habitat populaire et politique de l’urbain. Penser les liens entre ville, capitalisme et démocratie depuis l’Amérique latine

Activités / Soutenances

Habitat populaire et politique de l’urbain. Penser les liens entre ville, capitalisme et démocratie depuis l’Amérique latine

Soutenance d'Habilitation à Diriger des Recherches d'Aurélie Quentin

L’objet de ce travail est de retracer la manière dont la production des quartiers populaires dans les villes latinoaméricaines a été pensée comme un problème politique par les sciences sociales depuis le milieu du vingtième siècle, dans le cadre de l’urbanisation accélérée qu’a connu la région en lien avec l’extension du capitalisme. Il consiste à analyser la construction scientifique de la figure d’un « sujet politique urbain », et son évolution dans le temps, d’un sujet révolutionnaire problématisé à partir de sa place dans les rapports de classes à un sujet de droits pensé dans son rapport à la démocratie et dans sa façon de revendiquer sa citoyenneté. A partir de cette analyse, je propose de décaler la manière dont est appréhendée la dimension politique de la production capitaliste de l’espace urbain en considérant cette dernière comme une modalité de la gouvernementalité libérale/néolibérale. Il s’agit alors de conceptualiser les pratiques de production de l’habitat populaire comme des effets de gouvernement, et d’observer les processus de subjectivation que celles-ci engagent. Plutôt que d’analyser les rapports entre l’État, le marché et un sujet politique constitué par des revendications et des luttes collectives contre des politiques urbaines néolibérales, il s’agit de se demander comment le gouvernement de l’habitat populaire engage les individus à se gouverner eux-mêmes en fonction d’une rationalité politique que l’on qualifie aujourd’hui de néolibérale. Ce cadre de questionnement s’applique aussi bien aux « habitants » qu’aux intervenants de toutes natures (publics, privés, locaux, nationaux) qui mettent en œuvre les politiques urbaines.